vendredi 28 février 2014

Lutter pour 50 % de femmes maires dans le Diois...



Liberté, égalité, parité ! La nouvelle campagne Die et Z'Elles (Osons le féminisme).
Die et Z'Elles (Osons le féminisme) lance une campagne pour de nouvelles avancées en matière de parité : 50 % de maire.
Alors que la France a été pionnière en votant une loi pour la parité en 2000, notre pays est aujourd’hui à la traîne. La France pointe à la 69ème place dans les classements internationaux sur la parité. Avec 18,5% de femmes députées et 13,9% de Maires, la France fait moins bien que ses voisins.
En pleine période d’élections, Die et Z'Elles (Osons le féminisme) lance aujourd’hui une campagne pour dénoncer le retard pris depuis dix ans en la matière et mettre en avant des propositions pour que le quinquennat qui s’ouvre soit synonyme de nouveaux progrès pour la parité.
La campagne ?
A l’approche des élections municipales de 2014,
Die et Z'Elles (Osons le féminisme) lance la série «Madame la Maire», composée d’interviews et de portraits d’élues venant de toute la France qui partagent avec nous leurs expériences de femmes politiques.
En 2008, le pourcentage de femmes maires est passé de 11 % à 13.9 %, très légèrement tiré vers le haut grâce à la loi sur la parité qui a imposé à cette date autant de femmes que d’hommes sur les listes municipales. Ce chiffre reste aussi marqué par de fortes disparités régionales : on compte 21 % de femmes maires dans l’Yonne, contre 7 % dans les Bouches-du-Rhône et 3 % en Martinique !
De façon paradoxale, ce sont les plus petites communes où la loi sur la parité ne s’applique pas encore qui élisent le plus de femmes maires : elles sont 14 % dans les localités de moins de 3 500 habitants. A l’inverse, dans les villes de 9 000 à 30 000 habitants, les femmes ne représentent que 8 % des maires. 
Si certaines femmes maires de grandes villes sont connues, telles Dominique Voynet, élue à Montreuil, ou encore Valérie Fourneyron, maire de Rouen avant de devenir Ministre de la Jeunesse et des Sports, on connait moins les parcours des femmes élues dans des plus petites communes. Die et Z'Elles (Osons le féminisme) est allé à la rencontre de ces femmes maires, qui œuvrent au quotidien pour leur municipalité et leurs citoyens. Elles partagent dans notre série « Madame la Maire » leur parcours et leurs expériences, et vous invitent à les rejoindre en investissant les têtes de listes municipales.
Dans les assemblée… 
Nous ne devrions pas avoir à écrire ce texte.
Les femmes n'ont-elles pas les mêmes droits civiques –celui de voter et d’être éligible– que les hommes depuis soixante-dix ans déjà ? Des lois dites de parité n'ont-elles pas été votées dès 1999, première mondiale érigeant en principe le fait de favoriser l'égal accès aux mandats électoraux et aux fonctions électives ? Et ne vient-on pas de nommer le premier gouvernement paritaire de la Ve République? Alors comment se fait-il que le pouvoir soit en fait toujours aussi viril ?
L’exclusion des femmes demeure une réalité dans les instances de pouvoir: l’Assemblée nationale élue en 2007, lors des dernières législatives, était à 81,5% masculine. Depuis 1988, sur les 577 circonscriptions, 413 n’ont envoyé aucune femme à l’Assemblée. Cette année, l'UMP n’a investi que 25% de femmes candidates aux législatives. Le classement de notre pays concernant la proportion de femmes parlementaires empire avec les années : la France est aujourd’hui à la 69e place au niveau mondial.
Cette exception française et cette résistance de l’Assemblée Nationale, institution pourtant emblématique de la démocratie représentative, incarne le fait qu’au-delà des équations individuelles, l’inertie d’un ordre sexué perdure. Celui-ci puise ses racines dans notre histoire, y compris démocratique : la citoyenneté à la française, pensée par les Lumières, fait encore de l’ombre aux femmes qui ont été exclues d’un universalisme en réalité masculin. Leur sexe faisant d’elles des êtres d’instinct plus que de raison, elles ont été exclues de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, du suffrage universel, du Code civil… Il nous reste encore à mener un travail de désacralisation de ces principes, entamé par les mouvements féministes pro-parité des années 90.
En conséquence, le monde politique se caractérise encore aujourd'hui par un sexisme ordinaire, parfois inconscient. L’inclusion des femmes, telle que nous venons de le voir au sein du gouvernement, n’est ainsi pas contradictoire avec la persistance de leur exclusion du pouvoir. Elle s’exprime par la désignation de candidates dans des circonscriptions  « difficiles », voire « ingagnables », par les délégations qui leur sont confiées mais aussi par le fait qu’elles sont plus souvent choisies pour leur cumul de différence (sexe, origine réelle ou supposée, âge, affiliation associative, etc.). Nous appelons à la vigilance pour que les usages de la parité ne conduisent pas à une révolution conservatrice assignant les femmes à leur(s) différence(s), mais à une déconstruction de l’ensemble des inégalités.
Enfin, cette mandature se clôt sur des tentatives de remise en cause de la parité. En atteste la réforme territoriale, qui, en remplaçant les conseillers généraux et régionaux par des conseillers territoriaux élus au suffrage uninominal, le mode de scrutin le plus défavorable à la parité, aura pour conséquence de faire reculer de manière spectaculaire les progrès accomplis depuis 2000 au niveau des collectivités locales.
Renaît, avec le renouvellement des Maires, l'espoir de voir la parité progresser de nouveau. Nous, militant-e-s féministes, nous, candidat-e-s, nous, universitaires, nous voulons participer à l’ouverture d’une nouvelle ère de la parité. Pour y parvenir, nous défendons un renforcement des lois dites sur la parité. Afin que la sanction financière ne soit pas qu’incitative mais aussi contraignante, nous soutenons une suppression pure et simple de toutes les aides publiques aux partis qui ne respectent pas la parité des candidatures. Afin de lutter contre la professionnalisation et la confiscation de la vie politique, nous défendons une limitation du cumul des mandats simultanément et dans le temps. Nous nous mobiliserons enfin pour que la Constitution « garantisse » et non plus seulement « favorise » l'égalité, changement sémantique préalable à des mesures plus ambitieuses encore.
La question du partage du pouvoir ultime, le pouvoir politique, est centrale. Remettre en cause le monopole du pouvoir par la moitié masculine de la population n'est ni anecdotique, ni l'apanage d’une élite, ni un luxe outrancier en période de crise. C'est questionner le sens de notre démocratie, la place qu'occupe chacun-e d’entre nous et la manière dont nous voulons vivre et décider ensemble. Toutes et tous ensembles.
Die et Z'Elles (Osons le féminisme).
Collectif : chateauravel@gmail.com

mardi 25 février 2014

Le Front de gauche en miettes...

Le Front de gauche en péril
Ce week-end, lors d'un Conseil national à huis clos, le parti de Mélenchon adopte sa ligne et envisage de partir sans le PCF.
Pendant trois mois, ils ne se sont pas parlé. Pas un texto. Rien. Puis, mi-janvier, ce fut l'heure des retrouvailles. Un rendez-vous entre Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent qui devait permettre au Front de gauche d'avancer après des mois de blocages dus à des stratégies différentes pour les municipales. Mais, cette semaine, un logo Front de gauche sur une affiche d'Anne Hidalgo a suffi à raviver une plaie désormais béante. Au point qu'il n'est désormais plus impossible que le PG de Mélenchon et le PC de Pierre Laurent fassent liste à part pour les Européennes.
"Aujourd'hui, il n'y a plus aucune confiance dans la capacité du PC à respecter ses engagements", déplore Éric Coquerel, un proche de Mélenchon. Y a-t-il un risque pour qu'ils ne partent pas avec les communistes aux européennes? "Aucun" devrait être la réponse immédiate entre deux alliés de longue date. Mais, visiblement émoussé, Coquerel élude : "C'est au PC qu'il faut poser la question. Devancer le PS, ça ne peut se faire que sur une ligne claire. Si demain, on fait campagne ensemble à Paris, personne ne nous croira", prévient ce dirigeant PG. La semaine qui vient devait voir les négociations se rouvrir. Il n'en sera rien. La campagne européenne du PG débutera donc, sauf surprise, sans le PC. Ensuite, advienne que pourra. "On ne va pas attendre le PC comme une fiancée éplorée", souffle Coquerel.
"Tu ne peux pas savoir comme ils me font chier"
Y aller sans le PC? "Je n'ai pas de religion, ni dans un sens, ni dans l'autre. Il y aura aux européennes des listes autour de Jean-Luc Mélenchon pour porter l'opposition de gauche à François Hollande. Le reste, c'est de l'intendance", glisse Raquel Garrido, future candidate du PG à ces élections. Avant d'ajouter : "Le PC se décrédibilise dans sa volonté de combattre le PS quand il fait campagne avec celui-ci aux municipales. Les gens qui semblent s'acoquiner avec l'ancien régime sombrent avec celui-ci", tranche-t-elle. "Le PC aimerait s'émanciper, mais sans nous, il n'existe plus. Nous n'avons pas envie de nous retrouver plombés aux européennes par les contradictions du PC", avertit un proche de Mélenchon.
Jeudi, avant d'entrer dans l'hémicycle de la région Île-de-France où il siège, Pierre Laurent se montrait fuyant. Des listes communes avec le PG? "Bien sûr", dit-il avant de s'esquiver. Une fois à l'intérieur, en privé, il lâche à l'un des élus : "Tu ne peux pas savoir comme ils me font chier." Côté PC, on déplore "le romantisme bolchevique révolutionnaire" du PG. Plus prosaïque, le monsieur élections du PC, Pascal Savoldelli, assure que l'idée de faire des listes séparées "n'a jamais été exprimée directement". Avant de regretter : "Pour le PG, il faudrait d'abord être anti-socialiste pour faire bouger les choses. Ce n'est pas l'orientation qu'on a prise avec le Front de gauche." Dans un e-mail interne que nous avons pu consulter, Ensemble, un des partis du Front de Gauche, tire le signal d'alarme : il faut, lit-on, "trouver au plus vite une solution à cette situation et empêcher qu'une dynamique destructrice, que personne ne risque de maîtriser, se mette en route". Le compte à rebours a commencé.
Arthur Nazaret

samedi 15 février 2014

Une droite dans les choux, engraisse les extrêmes.



La manifestation de droite, un tabou? Ou pourquoi la proposition de Copé n'a-t-elle récolté que si peu de succès…
Le récent appel à manifester de Jean-François Copé, distancé dans les sondages par François Fillon dans la course à la présidence de l'UMP, et qui multiplie les propositions choc pour s'attirer les faveurs des militants, ne remporte pas un franc succès à droite. Dernièrement c'est l’ancien premier ministre lui-même qui a pris ses distances avec la proposition du secrétaire général de l’UMP, dans un tweet adressé le 31 octobre à son rival pour la candidature à la présidence de l’UMP:
Autour de Fillon, même son de cloche. L'ex-ministre Gérard Longuet, qui soutient François Fillon pour la présidence de l'UMP, a estimé que son rival Jean-François Copé n'avait pas eu "sa meilleure inspiration" en appelant à manifester contre les mesures du gouvernement. "Tout cela relève de la stratégie de campagne. Ce qui est sûr, c'est que l'opposition ne pourra pas retrouver le pouvoir par la manifestation", a affirmé Eric Ciotti. Plus critique, Bernard Debré a regretté la "course à l'échalotte" de Jean-François Copé qui "se radicalise". "Ca donne une mauvaise image de l'UMP et présente le militant comme un gros beauf", ajoute un filloniste qui se réjouit toutefois que son attitude "pousse des personnalités à sortir de leur neutralité". Jean-François Lamour, conseiller UMP de Paris, a quant à lui estimé qu’il ne fallait pas “mettre la charrue avant les boeufs”, et préféré avoir d’abord recours au “référendum”.
Les soutiens de Copé n’ont pas beaucoup donné de la voix, sans doute gênés aux entournures par cette proposition. Il a fallu attendre cinq jours après cette annonce pour que se manifestent les lieutenants du secrétaire général de l'UMP. "Jean-François Copé a totalement raison quand il affirme qu'il faut s'opposer par tous les moyens, y compris les manifestations, à la politique dangereuse de François Hollande. Et cela n'a rien d'antinomique avec le fait que, durant 5 ans, Nicolas Sarkozy a eu le courage nécessaire pour réformer la France en évitant tout blocage du pays. Car le contexte pour l'UMP a changé", a valoir dans un communiqué la déléguée générale de l'UMP Michèle Tabarot. Dans un communiqué distinct, la secrétaire nationale de l'UMP Camille Bedin a rattaché la proposition de Jean-François Copé à une "tradition" de droite en évoquant les mobilisations "en 1968, contre la 'chienlit' ou en 1984 pour la liberté fondamentale de l'enseignement" (la défense de l'école privée, ndlr).
En effet, il y a bien eu des exemples de manifestations de droite en 1968 et en 1984. Reste que ces exemples sont rares. L'idée d'une manif de droite est en fait très loin d'être une évidence. Pourquoi la manifestation est-elle si taboue à droite ? Et pourquoi la droite n’aurait-elle pas, elle aussi, le droit de manifester?
LE DÉGOÛT DU DÉSORDRE
Les manifestations, vues de droite, ça fait désordre. François Fillon est “très fier de n’avoir jamais cédé à la rue” : car la rue est assimilée au désordre, à l’informe, aux débordements et à l’incontrôlable. Il y a comme un reste de Gustave Le Bon, l’un des premiers sociologues des mobilisations, qui dans Psychologie des foules, décrit ainsi l’individu pris dans la masse des mobilisations :
“Évanouissement de la personnalité consciente, prédominance de la personnalité inconsciente, orientation par voie de suggestion et de contagion des sentiments et des idées dans un même sens, tendance à transformer immédiatement en actes les idées suggérées, tels sont les principaux caractères de l'individu en foule. Il n'est plus lui-même, il est devenu un automate que sa volonté ne guide plus”
Une manifestation, ça part dans tous les sens, ça ne se contrôle pas. Ca fait désordre, et le désordre, la droite n’aime pas. "Si le thème du 'racisme anti-blanc' ou l'anecdote du pain du chocolat s'inscrivaient dans le droit fil du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, l'appel à manifester dans la rue est en décalage avec la tradition du peuple de droite, traditionnellement favorable à l'ordre", souligne Frédéric Dabi, analyste de l'opinion à l'Ifop.
“La réforme, oui ; la chienlit, non”, a dit De Gaulle, d'après le Premier ministre Georges Pompidou, à la sortie d'un Conseil des ministres. C’est aussi, d’une certaine manière, dans cette tradition gaulliste que l’ancien président Nicolas Sarkozy se plaçait pour répondre à “la rue” qui grondait, comme pendant la réforme des retraites à l'automne 2010. “ "Une de mes plus grandes fiertés est ne n'avoir jamais cédé à la pression de la rue", avait notamment expliqué Nicolas Sarkozy le 16 février 2012 lors d'un déplacement à Annecy, en pleine campagne présidentielle. “Le courage, c'est de ne pas déchaîner la violence parce qu'on ne change pas un pays par la violence", avait-il ajouté.
LES MANIFS DE DROITE, OUI, MAIS EXCEPTIONNELLEMENT
La droite préfère généralement laisser les manifestations aux syndicats, aux sans-papiers et aux révolutionnaires. Les manifs, c’est un truc de gauche, pense-t-elle. Personne ne s’est d’ailleurs indigné, ni n’a accusé le PS d’être anti-républicain, lorsque le Parti socialiste a appelé à manifester contre la réforme des retraites en septembre 2010. A gauche, manifester est une tradition. A droite, c’est une hérésie...
...sauf cas exceptionnel, comme en 1968, où De gaulle lui-même avait appelé la majorité silencieuse, à se réveiller, pour contrer les grévistes et manifestants du cinquième arrondissement:
LE SPECTRE DE 1934
Ce qui est vu comme un droit naturel à gauche, est perçu comme un dangereux glissement à droite. La violence d’une manifestation n’est acceptable, dans l’imaginaire des Français, que si elle lui associe la bonhomie des valeurs du coeur, l’insouciance des hippies, l’élan romantique du révolutionnaire. La violence liée à la rigidité des valeurs de droite, c’est un danger, un acte contre-nature qui pousserait la droite à se changer en...extrême-droite.
Manifester, aux yeux de la droite “classique” (UMP), est un acte anti-républicain qui fleurte avec le fascisme. La droite dite “républicaine”, accepte le suffrage des urnes, comme l’a fait remarquer le porte-parole du PS, David Assouline : “On s'attaque au suffrage universel d'une certaine façon en refusant le verdict des urnes". Même Gilbert Collard, membre du Rassemblement Bleu Marine et député du Gard, qui connaît bien son Histoire de France, ne s’y est pas trompé en se demandant si Copé ne voulait pas “"reconstituer les ligues”, référence claire aux ligues antiparlementaires et antisémites qui bousculèrent la France de l'avant-Seconde guerre mondiale, et qui connurent leur apogée le 6 février 1934 où les manifestants donnèrent l'assaut contre l'Assemblée nationale:
Il n’en reste pas moins que l’histoire n’est pas un fleuve tranquille, et que Jean-françois Copé pourrait bien inaugurer, malgré toutes les critiques qui lui sont adressées, une nouvelle tradition de manifestation, dont on peut présumer qu'elle serait républicaine. Car il n'y a pas de raison qu'il y ait de priorité à gauche, comme le remarquait ironiquement le journaliste Sébastien Le Fol sur son blog du Figaro...
Aude Lorriaux

jeudi 13 février 2014

La révolution ne sera pas Archéo-stalinienne...



A quoi bon garder cette secte du PCF ?
Il n'y a plus grand monde pour se réjouir de la groupuscularisation du Parti communiste.
Il n'effraye plus, depuis 15 ans, que quelques rombières de Neuilly.
En revanche, certains à gauche, peu suspectés de sympathies marxistes, en viennent à déplorer sa marginalisation.
C'est tout une culture et une tradition politique qui s'en va paraît-il.
Je ne partage pas ce point de vue, même si évidemment, j'aurais préféré que les scores respectifs d'Arlette Laguiller et Robert Hue soient inversés.
Le PCF n'apporte plus rien à la gauche, ni en terme d'idées ni en terme de troupes militantes.
Il n'est que de constater que sa voix, depuis deux ans, ne sert qu'à instruire une critique du PS; de poser des problèmes au gouvernement; et qu'il a été incapable de défendre correctement le bilan de ses ministres !
Le PCF n'a plus de sens depuis 1981, et ne sert plus à personne.
Passons pudiquement sur les pratiques et l'idéologie néo-stalinienne qui ont perduré jusqu'à la fin des années 80, pour nous concentrer sur l'essentiel.
Jusqu'en 1981, le PCF servait à beaucoup de gens (ouvriers mais aussi employés, fonctionnaires, artistes…) de moyen d'expression d'un refus de l'ordre social et de protestation radicale des inégalités, avec la référence sous-jacente à quelques vagues idées révolutionnaires sur ce que pourrait être une société communiste (qui ressemblait quand même peu ou prou à une société à économie étatique…), ce dernier élément faisant la distinction d'avec la social-démocratie réformiste.
Fondamentalement, le PCF était le parti (relayé par la CGT) qui donnait une légitimité à toutes les exaspérations sociales, en les organisant et en leur donnant un coupable : les capitalistes et l'Etat qui était à leur service.
C'est cela qui permettait le fameux encadrement social et militant de pans entiers du territoire (banlieue rouge, limousin rural, mais pas l'ouest ou l'Alsace par exemple) et de catégories sociales (industrie traditionnelle quand pas de tradition catholique, corporations de métiers.. ), selon les héritages, traditions et accidents historiques.
L'entrée des ministres communistes au gouvernement en 1981 était encore comprise dans le logiciel du passé : comme Thorez après la Libération, il ne s'agissait que d'engranger quelques conquêtes sociales majeures au gouvernement, avant de repartir logiquement dans l'opposition plus ou moins constructive dès que la gestion gouvernementale devenait incompatible avec la prise en charge de la protestation.
Mais il y a eu deux facteurs principaux qui ont grippé la machine :
- la déconsidération générale du bloc soviétique, qui a entraîné avec elle le naufrage de l'idée d'avenir possible par l'économie administrée et planifiée
-la crépuscule des industries traditionnelles et les mutations du salariat
Le second point est fondamental.
Quiconque a vécu ces dernières années dans une commune ouvrière (banlieue rouge) aura été frappé par la rapidité des phénomènes de dislocation des entreprises du secteur secondaire (l'industrie, quoi).
C'est toute une petite aristocratie ouvrière qui a disparu, avec ses métiers, et qui soit n'a pas été remplacée, soit a été remplacée par une main d'œuvre non qualifiée, souvent d'origine immigrée, qui ne pouvait se reconnaître de façon massive et durable dans la culture du PCF.
Il suffit de regarder la bio de ces élus communistes de banlieue qui passent la main progressivement depuis quelques années : leurs métiers et leurs entreprises d'origine ont quasiment toutes disparues.
Leurs successeurs sont issus de la fonction publique ou du tertiaire (banques…), secteurs qui à l'origine étaient articulés autour de la centralité ouvrière mais ne peuvent y substituer une identité compatible avec l'idéologie communiste.
Et surtout, le PCF n'a pas su ou voulu se réajuster à cette nouvelle donne.
Il avait le choix entre deux voies :
- balancer résolument aux orties l'héritage léniniste pour devenir le parti de la contestation radicale, sorte de mélange entre l'actuelle LCR et les Verts, en surfant sur tous les mouvements sociaux et sociétaux. Des chômeurs aux sans-logis en passant par les leaders les plus intellos des français issus de l'immigration, des jeunes en rébellion ou des enseignants gauchisants, il pouvait trouver une assise politique cohérente bien qu'attrape tout.
Cela impliquait une vraie révolution interne, notamment en terme sociologique, impliquant, pour faire court, de parler un peu plus du droit de vote des immigrés ou de la pollution et un peu moins du montant du SMIC, de parler autant avec les coordinations qu'avec la CGT, etc.
Cela voulait dire aussi renoncer peut-être à quelques aspects du communisme municipal liés à une certaine notabilisation du passé et faire l'impasse sur la participation gouvernementale.
Juquin, par exemple, l'avait plus ou moins imaginé. Le PCF n'a pas voulu tourner le dos à son héritage, et a refusé cette voie.
- devenir un parti de la réforme radicale, qui assume la perspective de la gestion publique et accepte le cadre de l'économie de marché, mais avec un corpus de réformes très axées à gauche, un peu à la façon du PS des années 70 : 35 heures sans diminution de salaires ni annualisation, crédit formation généralisé, suppression de la taxe d'habitation et diminution forte de la TVA, taxation plus élevée des profits financiers, remise en cause de la cinquième république, durcissement de la réglementation sur les plans sociaux, programme pluri-annuel de sauvetage des services publics, gratuité dans les transports publics, etc.
Dès la fin des années 80, un tel parti aurait pu récupérer une part non négligeable des déçus du mitterrandisme, au moins dans la fonction publique et dans les catégories sociales modestes mais intégrées (employés, ouvriers qualifiés, petite bourgeoisie intellectuelle…), histoire de cristalliser entre 10 et 15% des électeurs.
Bien sûr, le programme serait inapplicable dans son intégralité, mais comportant suffisamment de points négociables pour être l'allié turbulent d'un gouvernement dominé par des sociaux-démocrates sans perdre son âme.
Avec même, on peut rêver, la perspective un jour d'un rassemblement avec les réformistes mous et les verts dans un parti commun de la gauche…
Le PCF, a préféré ne pas choisir, et avancer à reculons. Laissant par là ouvert un boulevard pour les Verts, la LCR-NPA voire toutes les aventures alternatives insolites.
Regardez ses incantations sur la " culture communiste ". C'est quoi la culture communiste, quand on enlève Lénine et la faucille et le marteau ?
Marx sans Lénine ?
Dire qu'il y a des capitalistes et des profits ? Ce n’est pas cela qui donne la moindre clé sur ce qu'il faut faire !
Ce n’est pas dans Marx qu'on va trouver la réponse à l'attitude à adopter en matière de politique urbaine ou de réforme de l'Etat !
Regardez ses hésitations sur les mouvements sociaux. Toujours en retard sur une manif. Incapable d'être leader sur la contestation de la mondialisation ou la promotion du développement durable, la défense des immigrés ou des malades du SIDA, etc.
Regardez ses tergiversations vis-à-vis des politiques publiques : incapable d'exiger des réformes claires et de s'y tenir… mais tout aussi incapable d'assumer la responsabilité d'une gestion d'une institution ou un bilan, sans dire que ce n'est pas assez, que ce n'est pas lui qui décide, que ce n'est pas de sa faute…
Le PCF est à l'image de sa gestion dans la majorité des mairies qu'il dirige : un éternel pleurnichement sur les moyens que l'Etat devrait donner, une gestion de " gauche " trop souvent réduite à gonfler sans discernement les effectifs de personnels municipaux ou à engloutir l'argent dans des vitrines dispendieuses, une incapacité à piloter des réalisations audacieuses ou même à gérer correctement ce qui revient à l'échelon communal (entretien des écoles dans ma banlieue rouge par exemple !)
Et il a beau multiplier les journaux municipaux au ton " moderne " ou les forums de rencontre avec la population, il ne peut plus cacher que l'encadrement militant a disparu.
Les citoyens sont indifférents. Tout simplement.
Alors, quand à un moment, les changements sociologiques de la population deviennent trop importants ou qu'une personnalité charismatique disparaît, la mairie bascule à droite ou à gauche de façon irrémédiable.
Aux dernières élections encore, Pantin est passée au PS sous la poussée des classes moyennes venus habiter de l'autre côté du périphérique ; pendant que Drancy, déserté par ses retraités ouvriers qui peuplaient les pavillons et son ancien maire, se donne à un UDF…
Ceux qui veulent une gauche plus ouverte et imaginative, un peu intello et progressiste, vont voir du côté des Verts. Ceux qui veulent protester contre la mondialisation et le capitalisme vont voir du côté de La LCR ou de LO.
Seuls s'intéressent au PCF ceux qui y ont encore leurs habitudes, une connaissance ou leur gagne-pain…
Quand aux plus démunis, culturellement et socialement, il y a ceux qui ne sont pas français. Ou ne votent pas. Ou font du zapping comme à la télé, leur seul lien consistant avec le reste de la société. Voire mettent un bulletin pour Tapie (en 1994) ou Le Pen, pour voir, pour râler, pour les emmerder, ceux de " là haut "
Alors oui, le PCF n'a plus de sens et ne sert plus à personne.
Il ne sert donc plus à rien.
Et il est maintenant en coma dépassé.
Qui débranchera le goutte à goutte ?
Les IndignéEs du Diois

lundi 10 février 2014

Le texte original, quand la liberté de la presse existait...

Suite à des pressions  de la Ligue des Droits de l'Homme, et son responsable local, nous avions  supprimé le travail de l'Atelier d'écriture de Cocause du 02 févier 2014. Pour nos lecteurs nous publions l'original, qui n'avait pas envoyé Victor Hugo en prison. Autres temps , autres mœurs... On peut dire que les libertés d’opinion et d'expression  n'ont pas avancées dans notre beau pays. Eva

(Pour info : la LDH est suspendue du Collectif  Diois de Lutte Contre les Idées D'Extrême Droite : LUCIDE)

Victor Hugo : « NAPOLÉON LE PETIT » (extraits)

Victor Hugo : « NAPOLÉON LE PETIT » (extraits). Réédité chez Actes Sud (2007) par Jean-Marc Hovasse. Aucun rapprochement possible avec la France d’aujourd’hui, avec Nicolas Sarkozy, ni.... , Bernard Kouchner, Dominique Strauss-Kahn, Fadela Amara, Claude Allègre, Eric Besson, Jacques Attali, Vincent Bolloré, Olivier Dassault, Arnaud Lagardère, Martin Bouygues, Patrick Balkany, les médias…
Louis Bonaparte est un homme de moyenne taille, […] c’est un personnage vulgaire, puéril, théâtral et vain. Certes, ce cerveau est trouble, ce cerveau a des lacunes, mais on peut y déchiffrer par endroits plusieurs pensées de suite et suffisamment enchaînées. C’est un livre où il y a des pages arrachées. A tout moment quelque chose manque. Louis Bonaparte a une idée fixe, mais une idée fixe n’est pas l’idiotisme. Il sait ce qu’il veut, et il y va. A travers la justice, à travers la loi, à travers la raison, à travers l’honnêteté, à travers l’humanité, soit, mais il y va. Ce n’est pas un idiot. C’est tout simplement un homme d’un autre temps que le nôtre. Il semble absurde et fou parce qu’il est dépareillé.
Seulement il oublie ou il ignore qu’au temps où nous sommes, ses actions auront à traverser ces grands effluves de moralité humaine dégagés par nos trois siècles lettrés et par la révolution française, et que, dans ce milieu, ses actions prendront leur vraie figure et apparaîtront ce qu’elles sont, hideuses.
M. Louis Bonaparte se laisse volontiers entrevoir socialiste. Il sent qu’il y a là pour lui une sorte de champ vague, exploitable à l’ambition.
Alors il ne parle pas, il ment. Cet homme ment comme les autres hommes respirent. Il annonce une intention honnête, prenez garde ; il affirme, méfiez vous ; il fait un serment, tremblez. Machiavel a fait des petits.
Annoncer une énormité dont le monde se récrie, la désavouer avec indignation, jurer ses grands dieux, se déclarer honnête homme, puis au moment où l’on se rassure et où l’on rit de l’énormité en question, l’exécuter.
On est de son cercle intime ; il laisse entrevoir un projet qui semble, non immoral, on n’y regarde pas de si près, mais insensé et dangereux, et dangereux pour lui-même ; on élève des objections ; il écoute, ne répond pas, cède quelquefois pour deux ou trois jours, puis reprend son dessein, et fait sa volonté.
Grâce à cette façon de faire, il a toujours à son service l’inattendu, grande force ; et, ne rencontrant en lui-même aucun obstacle intérieur dans ce que les autres hommes appellent conscience, il pousse son dessein, n’importe à travers quoi, nous l’avons dit, n’importe sur quoi, et touche son but.
Il recule quelquefois, non devant l’effet moral de ses actes, mais devant l’effet matériel.
Dans ses entreprises il a besoin d’aides et de collaborateurs ; il lui faut ce qu’il appelle lui-même "des hommes". Diogène les cherchait tenant une lanterne, lui il les cherche un billet de banque à la main. Il les trouve. De certains côtés de la nature humaine produisent toute une espèce de personnages dont il est le centre naturel et qui se groupent nécessairement autour de lui selon cette mystérieuse loi de gravitation qui ne régit pas moins l’être moral que l’atome cosmique.
Aujourd’hui il en est environné, ces hommes lui font cour et cortège ; ils mêlent leur rayonnement au sien. A de certaines époques de l’histoire, il y a des pléiades de grands hommes ; à d’autres époques, il y a des pléiades de chenapans.
M. Louis Bonaparte a réussi. Il a pour lui désormais l’argent, l’agio, la banque, la bourse, le comptoir, le coffre-fort, et tous ces hommes qui passent si facilement d’un bord à l’autre quand il n’y a à enjamber que de la honte.
En attendant, depuis sept mois, il s’étale ; il a harangué, triomphé, présidé des banquets, pris des millions, donné des bals, dansé, régné, paradé et fait la roue ; il s’est épanoui dans sa laideur à une loge d’Opéra…
Il a réussi. Il en résulte que les apothéoses ne lui manquent pas….
Une chose me frappe pourtant, c’est que dans toutes les qualités qu’on lui reconnaît […] dans tous les éloges qu’on lui adresse, il n’y a pas un mot qui sorte de ceci : habileté, sang-froid, audace, adresse, affaire admirablement préparée et conduite, instant bien choisi, secret bien gardé, mesures bien prises. Fausses clefs bien faites. Tout est là .
… Il ne reste pas un moment tranquille ; il sent autour de lui avec effroi la solitude et les ténèbres ; ceux qui ont peur la nuit chantent, lui il remue. Il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ; ne pouvant créer, il décrète.
Non, cet homme ne raisonne pas ; il a des besoins, il a des caprices, il faut qu’il les satisfasse. Ce sont des envies de dictateur. La toute-puissance serait fade si on ne l’assaisonnait de cette façon.
Quand on mesure l’homme et qu’on le trouve si petit, et qu’ensuite on mesure le succès et qu’on le trouve si énorme, il est impossible que l’esprit n’éprouve pas quelque surprise. On se demande : comment a-t-il fait ? On décompose l’aventure et l’aventurier, […] on ne trouve au fond de l’homme et de son procédé que deux choses : la ruse et l’argent. La ruse : nous avons caractérisé déjà ce grand côté de Louis Bonaparte, mais il est utile d’y insister.
Le 27 novembre 1848, il disait à ses concitoyens dans son manifeste : "Je me sens obligé de vous faire connaître mes sentiments et mes principes. Il ne faut pas qu’il y ait d’équivoque entre vous et moi. Je ne suis pas un ambitieux... Élevé dans les pays libres, à l’école du malheur, je resterai toujours fidèle aux devoirs que m’imposeront vos suffrages et les volontés de l’Assemblée. Je mettrai mon honneur à laisser, au bout de quatre ans, à mon successeur, le pouvoir affermi, la liberté intacte, un progrès réel accompli."
Depuis trente-six ans il y avait en France toutes sortes de choses pernicieuses : cette "sonorité", la tribune ; ce vacarme, la presse ; cette insolence, la pensée ; cet abus criant, la liberté ; il est venu, lui, et à la place de la tribune il a mis le sénat ; à la place de la presse, la censure ; à la place de la pensée, l’ineptie ; à la place de la liberté, le sabre ; et de par le sabre, la censure, l’ineptie et le sénat, la France est sauvée ! Sauvée, bravo ! et de qui, je le répète ? d’elle-même ; car, qu’était-ce que la France, s’il vous plaît ? c’était une peuplade de pillards, de voleurs, de jacques, d’assassins et de démagogues.
Il a fallu la lier, cette forcenée, cette France, et c’est M. Bonaparte Louis qui lui a mis les poucettes. Maintenant elle est au cachot, à la diète, au pain et à l’eau, punie, humiliée, garrottée, sous bonne garde ; soyez tranquilles, le sieur Bonaparte, gendarme à la résidence de l’Élysée, en répond à l’Europe ; il en fait son affaire ; cette misérable France a la camisole de force, et si elle bouge :... - Ah ! qu’est-ce que c’est que ce spectacle-là  ? qu’est-ce que c’est que ce rêve-là  ? qu’est-ce que c’est que ce cauchemar-là  ? d’un côté une nation, la première des nations, et de l’autre un homme, le dernier des hommes, et voilà ce que cet homme fait à cette nation ! Quoi ! il la foule aux pieds, il lui rit au nez, il la raille, il la brave, il la nie, il l’insulte, il la bafoue ! Quoi ! il dit : il n’y a que moi ! Quoi ! dans ce pays de France où l’on ne pourrait pas souffleter un homme, on peut souffleter le peuple ! Ah ! quelle abominable honte !
Chaque fois que M. Bonaparte crache, il faut que tous les visages s’essuient ! Et cela pourrait durer ! et vous me dites que cela durera ! non ! non ! non ! par tout le sang que nous avons tous dans les veines, non ! cela ne durera pas ! Ah ! si cela durait, c’est qu’en effet il n’y aurait pas de Dieu dans le ciel, ou qu’il n’y aurait plus de France sur la terre ! [...]
il restera mesquin, […] il ne sera jamais que le tyran pygmée d’un grand peuple. […] un batteur de grosse caisse des Champs-Elysées…
L’acabit de l’individu se refuse de fond en comble à la grandeur, même dans l’infamie. Faire hausser les épaules au genre humain, ce sera sa destinée. […] Il sera hideux, et il restera ridicule. Voilà tout. L’histoire rit et foudroie. […] L’historien ne pourra que le mener à la postérité par l’oreille.
L’homme une fois déshabillé du succès, le piédestal ôté, la poussière tombée, le clinquant et l’oripeau et le grand sabre détachés, le pauvre petit squelette mis à nu et grelottant, peut-on s’imaginer rien de plus chétif et de plus piteux ?
L’histoire a ses tigres. […] Elle ne mêle pas avec eux les chacals.
Je ne sais quelle gangrène de prospérité matérielle menace de faire tomber l’honnêteté publique en pourriture.
Ma foi ! vivons, faisons des affaires, tripotons dans les actions de zinc ou de chemin de fer, gagnons de l’argent ; c’est ignoble, mais c’est excellent ; un scrupule de moins, un louis de plus ; vendons toute notre âme à ce taux ! On court, on se rue, on fait antichambre, on boit toute honte, et si l’on peut avoir une concession de chemins en France ou de terrains en Afrique, on demande une place.
C’est à qui fera ce trafic de soi-même le plus cyniquement, et parmi ces êtres il y a des jeunes gens qui ont l’oeil pur et limpide et toute l’apparence de l’âge généreux, et il y a des vieillards qui n’ont qu’une peur, c’est que la place sollicitée ne leur arrive pas à temps et qu’ils ne parviennent pas à se déshonorer avant de mourir. L’un se donnerait pour une préfecture, l’autre pour une recette, l’autre pour un consulat, l’autre veut un bureau de tabac, l’autre veut une ambassade. Tous veulent de l’argent, ceux-ci moins, ceux-ci plus, car c’est au traitement qu’on songe, non à la fonction. Chacun tend la main. Tous s’offrent. Un de ces jours on établira un essayeur de consciences à la monnaie.
Les mots indépendance, affranchissement, progrès, orgueil populaire, fierté nationale, grandeur française, on ne peut plus les prononcer en France. Chut ! ces mots-là font trop de bruit ; marchons sur la pointe du pied et parlons bas. Nous sommes dans la chambre d’un malade.
Et la liberté de la presse ! Qu’en dire ? N’est-il pas dérisoire seulement de prononcer ce mot ? Cette presse libre, honneur de l’esprit français, clarté de tous les points à la fois sur toutes les questions, éveil perpétuel de la nation, où est-elle ?
- Qu’est-ce que c’est que cet homme ?
- C’est le chef, c’est le maître. Tout le monde lui obéit.
- Ah ! tout le monde le respecte alors ?
- Non, tout le monde le méprise.
- O situation ! Cet homme de ruse, cet homme de force, cet homme de mensonge, cet homme de succès, cet homme de malheur !
Oui, quelquefois, aux paroles superbes qui lui échappent, à le voir adresser d’incroyables appels à la postérité, à cette postérité qui frémira d’horreur et de colère devant lui, à l’entendre parler avec aplomb de sa "légitimité"et de sa "mission", on serait presque tenté de croire qu’il en est venu à se prendre lui-même en haute considération et que la tête lui a tourné au point qu’il ne s’aperçoit plus de ce qu’il est ni de ce qu’il fait.
Il croit à l’adhésion des prolétaires, il croit à la bonne volonté des rois, il croit à la fête des aigles, il croit aux harangues du conseil d’état, il croit aux bénédictions des évêques, il croit au serment qu’il s’est fait jurer…

Line Arez Demora

Que peut-il ? Tout. Qu'a-t-il fait ? Rien.
 Avec cette pleine puissance,
 en huit mois un homme de génie eût changé la face de la France,
de l'Europe peut-être. 
Seulement voilà, il a pris la France et n'en sait rien faire.

Dieu sait pourtant que le Président se démène :
 il fait rage, il touche à tout, il court après les projets ;

ne pouvant créer, il décrète ; il cherche à donner le change sur sa nullité ;
c'est le mouvement perpétuel ; mais, hélas ! cette roue tourne à vide.

L'homme qui, après sa prise du pouvoir a épousé une princesse étrangère,
 est un carriériste avantageux.
 Il aime la gloriole, les paillettes, les grands mots, ce qui sonne, ce qui
brille, toutes les verroteries du pouvoir. Il a pour lui l'argent,
 l'agio, la banque, la Bourse, le coffre-fort.


Il a des caprices, il faut qu'il les satisfasse.
Quand on mesure l'homme et qu'on le trouve si petit
 et qu'ensuite on mesure le succès et qu'on le trouve énorme,

il est impossible que l'esprit n'éprouve pas quelque surprise.

 On y ajoutera le cynisme car, la France, il la foule aux pieds,

lui rit au nez, la brave, la nie, l'insulte et la bafoue !
Triste spectacle que celui du galop, à travers l'absurde,
d'un homme médiocre échappé ".


Victor HUGO, Napoléon, le petit
Réédité chez Actes Sud

dimanche 9 février 2014

Créer une association dioise pour la liberté d'expression...



La liberté de la presse est l'un des principes fondamentaux des systèmes démocratiques qui repose sur la liberté d'opinion, la liberté mentale et d'expression.
Ainsi, l'article 11 de la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen du 26 août 1789 dispose : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi. »
La loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse votée sous la IIIe République définit les libertés et responsabilités de la presse française, imposant un cadre légal à toute publication, ainsi qu'à l'affichage public, au colportage et à la vente sur la voie publique.
Elle est souvent considérée comme le texte juridique fondateur de la liberté de la presse et de la liberté d'expression en France, inspirée par l'article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789. Selon l'avocat Basile Ader, spécialiste du droit de la presse, c'est parce qu’elle est de nature pénale que la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 est protectrice de la liberté de la presse. Elle offre en effet les garanties de la procédure pénale : prévisibilité et interprétation stricte de l’infraction de presse, oralité des débats, audition des témoins, primauté des droits de la défense, qui permet à celle-ci de faire valoir sa bonne foi. La bonne foi se démontre par : un but légitime; la sincérité des propos; la prudence et l'objectivité.
Depuis le 07 septembre 2011 en France, la liberté de la presse est reconnue et étendue aux "blogueurs" par la jurisprudence suite au procès Antoine Bardet, alias "Fansolo". Après sa défaite en première instance contre Serge Grouard, maire UMP d'Orléans, confirmée en appel, la Cour de cassation vient de lui donner raison au regard de la loi du 29 juillet 1881 relative à la liberté de la presse. Cette décision est une reconnaissance à l'ensemble des blogueurs la protection de ladite loi généralement réservée aux seuls médias traditionnels.
Le secret des sources en droit français
La loi du 4 janvier 1993, dite loi Vauzelle, a introduit un alinéa 2 à l'article 109 du Code de procédure pénale, qui dispose que « tout journaliste, entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l'exercice de son activité, est libre de ne pas en révéler l'origine ».
La jurisprudence européenne consacre la protection des sources
La Cour européenne de justice a une jurisprudence constante qui consacre la protection effective des sources d’information des journalistes. Elle est allée plus loin (et plus vite) que la France. Voici quelques arrêts célèbres de la cour de Strasbourg. La protection des sources d'information des journalistes, appelée aussi « secret professionnel », est, avec la vérification des faits, la base de la déontologie du journalisme et de la liberté de la presse. Elle garantit la non-divulgation de l'identité des personnes qui acceptent de lui parler bénévolement, lorsque ces personnes l'exigent.
Droit et devoir à la fois, la déontologie donne aux journalistes professionnels le devoir de prendre toutes les précautions pour protéger leurs sources, puis de faire face aux éventuelles tracasseries qui peuvent en découler. Contrepartie de ce devoir, le droit de ne mentionner dans l'article aucun détail qui entraînerait un risque d'identification de la source. Les médias ont l'habitude d'accorder ce droit à l'anonymat en priorité aux sources courant un risque.
Garanti en Europe par l'Article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme, il a fait l'objet d'une jurisprudence des plus protectrices de la Cour européenne des droits de l'homme, qui le définit comme une « condition essentielle au libre exercice du journalisme et au respect du droit du public d’être informé des questions d’intérêt général »
Arrêt Goodwin du 27 mars 1996 : Injonction à l'encontre d'un journaliste le contraignant à dévoiler ses sources d'information.
" (...) La protection des sources journalistiques est l'une des pierres angulaires de la liberté de la presse, comme cela ressort des lois et codes déontologiques en vigueur dans nombre d'Etats contractants et comme l'affirment en outre plusieurs instruments internationaux sur les libertés journalistiques (...). L'absence d'une telle protection pourrait dissuader les sources journalistiques d'aider la presse à informer le public sur des questions d'intérêt général. En conséquence, la presse pourrait être moins à même de jouer son rôle indispensable de "chien de garde" et son aptitude à fournir des informations précises et fiables pourrait s'en trouver amoindrie. Eu égard à l'importance que revêt la protection des sources journalistiques pour la liberté de la presse dans une société démocratique et à l'effet négatif sur l'exercice de cette liberté que risque de produire une ordonnance de divulgation, pareille mesure ne saurait se concilier avec l'article 10 de la Convention que si elle se justifie par un impératif prépondérant d'intérêt public. (...) "
Droit Européen
« Une série de violations du secret des sources journalistiques avait, au cours de la décennie écoulée, rendu cette loi indispensable. Par des interrogatoires, des perquisitions, des saisies, et même des privations de liberté, des auxiliaires de Justice ont, à plusieurs reprises, tenté de dévoiler de force les sources d'information confidentielles auxquelles des journalistes avaient recours.
Et pourtant, le droit des journalistes à entretenir une relation confidentielle avec des informateurs constitue un élément essentiel de la liberté de la Presse, en général, et donc également de la démocratie. C'est dès lors sans surprise que la Cour Européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg avait condamné la Belgique, à l'été 2003, pour violation de la liberté de la Presse (affaire Ernst et consorts contre la Belgique, arrêt du 15 juillet 2003).
La satisfaction de l'AGJPB résulte du fait que la loi peut être considérée comme un texte assurant une des meilleurs protections des sources au monde.
Non seulement les journalistes se voient reconnaître explicitement le droit de se taire, lorsqu'ils sont convoqués à titre de témoins, mais ils sont aussi explicitement protégés contre les perquisitions, les saisies, les repérages téléphoniques, et autres moyens d'investigation.
Il est désormais beaucoup plus difficile à la Justice de contourner la loi par des poursuites lancées contre les journalistes eux-mêmes: des poursuites pour recel de documents ou complicité de violation du secret professionnel par un tiers sont explicitement interdites.
La Justice ne peut désormais plus forcer le secret des sources que pour prévenir la commission d'infractions constituant une menace grave pour l'intégrité physique d'une ou de plusieurs personnes et ceci seulement si le renseignement recherché est d'un intérêt crucial pour la prévention de ces infractions et ne peut par ailleurs être obtenu d'aucune autre manière.
Non seulement les journalistes professionnels bénéficient de cette protection, mais également tous les collaborateurs qui les assistent dans leur tâche. »
« Art. 2 »
Bénéficient de la protection des sources, telle que définie à l'article 3, les personnes suivantes :
1 - Les journalistes, soit toute personne qui, dans le cadre d'un travail indépendant ou salarié, ainsi que toute personne morale, contribue régulièrement et directement à la collecte, la rédaction, la production ou la diffusion d'informations, par le biais d'un média, au profit du public ;
2 - Les collaborateurs de la rédaction, soit toute personne qui, par l'exercice de sa fonction, est amenée à prendre connaissance d'informations permettant d'identifier une source et ce à travers la collecte, le traitement éditorial, la production ou la diffusion de ces mêmes informations.

Article retiré à la demande d'un parti politique
Exercice littéraire des ateliers d’écriture du Diois (30 participants) organisés à Die par Les Indignés du Diois (LUCIDE) : chateauravel@gmail.com
(LUtteContrelesIdéesD’ExtrémeDroite)
Diois Libertaire.
Les 99%.
Les écologistes diois « non encartés ».
Les Communistes Libertaires.
Droits Paysans.
Land and Freedom.
Association de préservation des terres agricoles du Diois.
Die et Z'Elles (Osons le féminisme).