jeudi 19 décembre 2013

Mélenchon... Populisme et vieux briscard-politicard...


Mélenchon… La grande illusion !
CHRONIQUE «IRONIQUES»
C’est toujours triste lorsqu’on a connu un artiste au sommet de son art de le voir péricliter. La scène, les applaudissements, les vivats du public sont une drogue dure. Rares sont les stars qui ont su raccrocher à temps. Pour ma part, j’éprouve une certaine tendresse pour ces êtres qui jusqu’au bout cherchent la chaleur des projecteurs. Dès lors, comment en vouloir à Jean-Luc Mélenchon d’avoir bidouillé son intervention au journal télévisé dimanche dernier. Alors qu’il nous avait promis «la foule des grands jours» pour sa marche en faveur d’une révolution fiscale, le chef du Front de gauche se trouvait quasiment seul, avenue des Gobelins, quelques minutes avant son direct sur TF1. Branle-bas de combat, panique à bord, il a fallu trouver à la hâte une vingtaine de militants afin que le vieux leader paraisse entouré. Pour que l’illusion soit parfaite, TF1, complice de cette mascarade, avait filmé Jean-Luc en plan serré et Claire Chazal, toujours bienveillante, déclarait : «On aperçoit derrière vous des drapeaux et des gens qui se massent.» La grande illusion.
Seulement voilà, pour réussir son coup, Méluche fut bien obligé de s’entendre avec la chaîne du capitalisme, de Bouygues et «des patrons voyous», copiner avec des journalistes, «cette sale corporation voyeuriste et vendeuse de papier», et tout ça pour la bonne cause : sauver à tout prix les apparences, déguiser la vérité.
Oui, mais manque de bol, un journaliste d’Euronews habitant dans l’immeuble d’en face immortalisa la scène en la photographiant : devant la caméra, un Jean-Luc Mélenchon, seul, perdu au milieu de l’avenue des Gobelins, avec en arrière plan, tel un décor de carton-pâte, un dernier carré de supporteurs fidèles… cliché dévastateur !
On pense à Sarkozy convoquant des figurants habillés en ouvrier lors de la visite d’un chantier ou au film de Patrice Leconte Tandem lorsque Rochefort, animateur has been, continue de présenter son émission de radio alors que celle-ci n’est plus diffusée depuis des semaines. Son ingénieur du son, Gérard Jugnot, ayant préféré lui cacher la vérité. Alors, comment expliquer ce désamour si soudain du public ? Comment un homme qui, il y a deux ans, rassemblait 120 000 personnes, peine-t-il aujourd’hui à en réunir 7 000 ? Y a-t-il une malédiction des Jean-Luc ? Jean-Luc Lahaye et aujourd’hui… Mélenchon. Comme toute vedette qui ne remplit plus ses salles, Jean-Luc tente des come-back désespérés, multiplie les provocations : «Cuba n’est pas une dictature ; Pierre Moscovici ne pense pas français mais finance internationale ; le Petit Journal est la vermine du FN ; les Normands sont des alcooliques et des Français arriérés.»
A gauche comme à droite, les critiques pleuvent, ses anciens camarades parlent «de vocabulaire des années 30, de relents antisémites». Méluche n’en a cure et s’enferre dans la surenchère.
Qu’est-il arrivé au truculent Jean-Luc, cet ancien prof de lettres qui jadis nous réjouissait de sa verve picaresque et de ses mots d’esprit ? Où est passé celui qui nous avait tous fait rire en qualifiant Hollande de «capitaine de pédalo» ?
On évoque le syndrome Dieudonné, cet ancien humoriste, aujourd’hui révisionniste, abonné désormais aux jeux de mots nauséabonds.
Pour revenir dans la lumière, Jean-Luc est prêt à tout, n’hésitant pas à renier les raisons pour lesquelles son public l’a aimé. Quand le porte-parole des oubliés, des laissés-pour-compte déclare lors d’une visite au Bourget : «Ne voyager qu’en classe affaires… avoir passé l’âge d’aller se briser le dos en classe économique», on crut d’abord à une énième boutade, Jean-Luc n’avait pas les moyens de s’offrir un tel luxe : 6 000 euros pour un Paris-Pékin sur Air France, plusieurs mois de Smic… impossible ! Puis, le patrimoine de nos élus étant consultable, on s’amusa à vérifier. Avec une indemnité totale de 144 108 euros par an en tant que député européen (exonéré de CSG et de CRDS) plus les droits d’auteur de ses livres et ses biens personnels estimés à 800 000 euros, Jean-Luc peut effectivement s’offrir la classe affaires. De là, à vouer aux gémonies les salauds de riches tout en s’affalant dans le siège inclinable d’un jet au Bourget… On peut comprendre que dimanche dernier, certains militants aient préféré économiser le prix d’un ticket de métro plutôt que d’aller l’applaudir.
Malheureusement, le pire est à venir car le vieux cabot de la politique ne supporte pas la relève. Ainsi les Bretons qui lui ont volé sa révolution sont «des esclaves manifestant pour les droits de leur maître». Jean-Luc, à l’instar d’une Chantal Goya, saura-t-il trouver un second souffle, une deuxième jeunesse ?
Sur le modèle d’Age tendre et tête de bois, pourquoi ne pas envisager une tournée des idoles, une croisière en compagnie d’anciennes gloires de la politique : «Antoine Waechter, Michel Noir, Arlette Laguiller, François Léotard». Eviter à tout prix le combat de trop car, un jour, celui qui amuse encore les médias, l’imprécateur des émissions de variétés ne fera plus d’audimat… la surenchère ne suffira plus et les sunlights s’éteindront définitivement.
Stéphane GUILLON

Jean-Luc Mélenchon, repoussoir préféré du pays enchanté

D’abord, c’est Jean-Luc Mélenchon qui est accusé d’avoir truqué l’image. Son interview en duplex sur TF1, quelques minutes avant le début de la manif contre les hausses de TVA, a été filmée devant quelques manifestants formant décor dans une rue déserte.
De son balcon, un journaliste néerlandais a photographié la manip. Buzz. Scandale. Questions. Le CSA se saisit de l’affaire. Coup de théâtre le lendemain : pour illustrer le bide de ladite manif de Mélenchon (100 000 manifestants selon les organisateurs, 7 000 selon la préfecture de police), i-Télé et Canal + diffusent des images d’une foule clairsemée, images provenant d’une manif de la veille, en commémoration de la «Marche des beurs». La foule clairsemée que balance donc à Mélenchon le chroniqueur Trapenard, et qui suscite les ricanements d’Aphatie sur le plateau du Grand Journal, est donc une autre foule. Pas celle de Mélenchon. Dès le lendemain, Mélenchon et les mélenchoniens sautent sur cette erreur providentielle de Canal + qui a confondu les deux manifs. Ils demandent la saisine du CSA. Un partout, balle au centre.
Mais il leur a fallu quelques heures pour réagir. Lui-même présent sur le plateau du Grand Journal ne s’est pas aperçu sur le moment de l’erreur de Canal +. Même s’il fanfaronne comme d’habitude («Mélenchon, il sort pas de l’œuf») il ne voit même pas le bout de la colonne du génie de la Bastille qui lui mettrait la puce à l’oreille (car sa manif n’y est pas déroulée), il semble vaincu par la démonstration fausse de Canal +, tout empatouillé qu’il est dans ces histoires de comptage, peut-être est-il fatigué de se débattre dans cette spirale dans laquelle il est englué, dans laquelle chacun de ses mouvements l’englue davantage, devenu à son tour comparse de de Caunes, clown accessoire du Grand Journal («Mélenchon il sort pas de l’œuf», répète tendrement de Caunes, amusé par la gouaille légendaire de l’invité), clown dénonciateur des injustices, des exploitations, terrassé par son paradoxe de clown dénonciateur de la clownerie majuscule, le terrible paradoxe de rendre digestible un discours radical dans la société du spectacle.
Mélenchon s’énerve, il ne sait plus où il est, il s’en prend au journaliste néerlandais qui a pris la photo de son balcon, il le traite de «planqué», de «glandu de première», de «péquenaud», il préfère s’en prendre à lui qu’à ses nouveaux copains de clownerie de Caunes et Trapenard, il se trompe de cible, c’est incroyable qu’une telle intelligence se trompe de cibles avec une telle constance, se refuse avec une telle obstination à apprendre à diriger sa colère, fonce dans les pièges, tête baissée, et en souriant, parce qu’on lui a répété qu’il fallait sourire à de Caunes, et ce conseil-là il l’a entendu, conseil pas plus stupide que les autres, mais incohérent.
Pendant ce temps, ce dont on ne parle plus, c’est la scandaleuse hausse de la TVA qui va frapper les pauvres, ceux qui ne peuvent pas protester, ne sont même pas venus à la manif de Mélenchon parce qu’ils n’en ont pas l’idée, parce que c’est Paris, parce que c’est loin, parce que même Mélenchon quand il passe à la télé, ce n’est plus pour parler de la TVA, c’est pour répondre à Trapenard et à Aphatie qui lui balancent des fausses images, c’est pour jouer avec eux, jouer à un jeu cruel et incompréhensible, jeu mortel où il a tout à perdre et si peu à gagner, mais jouer avec eux, vivre avec eux, les retrouver matin, midi et soir, de micro en micro, accepter ce destin d’être le repoussoir fétiche du pays enchanté, leur doudou râleur, un peu rugueux, mais qui se laisse tout de même caresser à la fin, et reviendra demain.
Qu’il puisse placer à égalité sa colère contre les hausses de TVA et celle contre le journaliste néerlandais, qu’il puisse perdre de vue, lui Mélenchon, le scandale silencieux de la hausse de la TVA, celui qui ne fera jamais rire de Caunes, voilà qui est incompréhensible, inquiétant, terrifiant. En même temps, on comprend bien. Il aurait tant aimé qu’ils soient 100 000 derrière lui, Mélenchon, pour dénoncer les hausses de TVA. Mais ils n’étaient pas 100 000, même s’ils étaient bien plus que les 7 000 de Valls. Et il ne comprend pas, Mélenchon, pourquoi ils ne sont pas 100 000. Et sans doute ce semi-échec le terrifie, et il se retourne contre le journaliste néerlandais qui a touché ce nerf-là, celui de l’échec d’une mobilisation qui aurait dû emporter la république.
Pendant trois jours, c’est le sujet unique du buzz. Qui a bidouillé le plus, entre Mélenchon - TF1, et Canal + - i-Télé ? Et toutes ces précieuses minutes d’antenne ne sont pas consacrées au motif de la manif : la hausse piteuse de la TVA, malgré toutes promesses antérieures des socialistes. Mais où est le plus dommageable biais de l’information ? Dans les bidouilles par les uns et par les autres des chiffres de manifestants, ou dans le fait que ces bidouilles-là volent du temps d’antenne aux bidouilles par le gouvernement du taux de TVA ?
Daniel SCHNEIDERMANN

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