samedi 20 septembre 2014

Le nucléaire repart de plus belle.

Nucléaire Iter : une expérience mégalo, inutile et dangereuse

Au cours du mois de septembre 2013, les premiers convois tests pour la construction du réacteur expérimental international à fusion thermonucléaire (Iter) vont transiter de Fos vers le site de Cadarache. Le 10 septembre, une rencontre-débat antinucléaire sur Iter s’est déroulée à Martigues suivie d’un tractage quelques jours plus tard dans la ville. Mais Iter, c’est quoi ?
Contrairement à l’EPR, Iter n’a pas pour but de produire de l’électricité mais de tenter de recréer pendant quelques minutes la réaction qui a lieu au cœur du soleil. L’effectivité d’une telle technique pour produire de l’énergie a sans cesse été repoussée. En 1950, on estimait que ce serait faisable dans les quinze ans, en 1978, « d’ici à l’an 2000 » et, aujourd’hui, d’ici à 2080… La faisabilité du projet semblent douteuse pour de nombreux scientifiques, y compris pronucléaires. La technique consiste à faire fusionner deux isotopes de l’hydrogène – le deutérium et le tritium – ce qui implique une température de 150 millions de degrés. On sait provoquer cette réaction avec la bombe H mais aucun matériau connu à ce jour ne peut supporter les multiples contraintes imposées par cette expérience.
Le tritium hautement radioactif est un élément extrêmement rare à l’état naturel : 3,6 kg sur toute la planète. Il est mortel avec une dose de 1 mg. 2 kg de tritium, à 10 millions de dollars le kilo, peuvent tuer 2 millions de personnes. Le tritium a la particularité de pénétrer dans le corps humain par la peau, il se fixe dans les molécules organiques du corps où il peut irradier pendant cinq cents jours en causant des dommages irréparables sur l’ADN. Il est cancérigène et les études concernant son impact réel sont largement insuffisantes. Le mur d’enceinte d’Iter, couvert de lithium et bombardé par des neutrons, produira du tritium. Toutes les installations nucléaires de base en rejettent. La radioactivité subsistera pour plusieurs centaines d’années, le tritium radioactif contaminera l’air et l’eau de la Durance. La seule chose qu’Iter va produire c’est environ 30 000 tonnes de déchets radioactifs tritiés. Très difficile à stocker car, très mobile, le tritium migre même à travers les métaux ou le béton. La solution adoptée est de le diluer et de le disperser comme à La Hague qui en rejette massivement. Pour Iter, les déchets seront stockés sur le site durant environ cinquante ans après la fin des expériences puis probablement enfouis pour une durée indéterminée. Le tritium est un des ingrédients principaux des armes nucléaires, sa prolifération serait catastrophique. Si la production d’électricité par fusion reste hypothétique, les recherches pourraient à court terme déboucher sur des innovations militaires.
Financé par l’Europe, la France, la Russie, les États-Unis, le Japon, la Chine, la Corée du Sud et l’Inde, le projet avait vu le jour lors d’une réunion Gorbatchev-Reagan en 1985. La France participe à hauteur de 20 %, soit un coût de 2 milliards d’euros pour dix ans de chantier et vingt ans d’expérimentation. Iter avec 16, voire 18 milliards d’euros au total, est, à part la station spatiale internationale, le programme de recherche le plus coûteux jamais lancé. Cette technique qui n’a pour l’instant rien donné a, pourtant, déjà coûté plus de 27 milliards d’euros. En 2002, le parlement allemand estimait qu’il faudrait encore dépenser entre 60 et 80 milliards d’euros sur cinquante ans pour envisager de produire de l’électricité avec la fusion. Un futur et très hypothétique réacteur industriel coûterait près de 15 milliards d’euros, ce qui interdit toute rentabilité et en fait une énergie réservée aux pays riches. Si la fusion produit un jour de l’électricité ce sera trop tard et en trop faible quantité.
Iter est implanté à Cadarache dans les Bouches-du-Rhône, un des plus grands centres nucléaires français, en plein sur la faille sismique la plus active du pays. Plusieurs tonnes de plutonium sont déjà présentes sur le site. La France, seul pays au monde à miser autant sur le nucléaire, avait fait jouer toute sa diplomatie et doublé sa participation financière pour accueillir Iter. La décision d’implanter Iter a, bien entendu, été prise avec une parodie de consultation démocratique locale ; les travaux commençant avant même l’enquête publique. Le projet avait été vendu aux édiles locaux en vantant des retombées en terme d’emplois. Des centaines d’hectares de forêt abattus et sept ans après, c’est plutôt une arnaque. Quelques 3 000 ouvriers en provenance des pays de l’Est ont été embauchés. Exonérés de contrôle Urssaf, ils construisent l’installation dans des conditions ultra-précaires. Le conseil régional, le conseil général et la ville d’Aix-en-Provence sont les collectivités locales qui ont le plus investi. Toujours à la pointe du combat, les élus Verts de la région ont obtenu un deal appelé alter-Iter : pour un euro investi dans Iter, un euro investi dans les énergies renouvelables…
À l’heure des importantes mobilisations contre le projet d’Ayraultport, on peut s’interroger sur la faiblesse de la contestation autour d’Iter. La protestation semble être tombée dans l’oubli depuis le lancement, en 2006. La propagande pronucléaire fonctionne parfaitement. Dans ce contexte, la contre-information semble être la première des actions à entreprendre. Il importe de faire savoir le plus largement possible l’absurdité de ce projet en termes d’investissements financiers, de viabilité scientifique, de risques et de nuisances pour un résultat nul. Ce projet délirant est emblématique du pouvoir nucléaire qui dirige aveuglément la France droit dans le mur. Non au nucléaire civil et militaire à Cadarache ou ailleurs !
Alexis
Groupe George-Orwell de la Fédération anarchiste (Martigues)

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