jeudi 13 février 2014

La révolution ne sera pas Archéo-stalinienne...



A quoi bon garder cette secte du PCF ?
Il n'y a plus grand monde pour se réjouir de la groupuscularisation du Parti communiste.
Il n'effraye plus, depuis 15 ans, que quelques rombières de Neuilly.
En revanche, certains à gauche, peu suspectés de sympathies marxistes, en viennent à déplorer sa marginalisation.
C'est tout une culture et une tradition politique qui s'en va paraît-il.
Je ne partage pas ce point de vue, même si évidemment, j'aurais préféré que les scores respectifs d'Arlette Laguiller et Robert Hue soient inversés.
Le PCF n'apporte plus rien à la gauche, ni en terme d'idées ni en terme de troupes militantes.
Il n'est que de constater que sa voix, depuis deux ans, ne sert qu'à instruire une critique du PS; de poser des problèmes au gouvernement; et qu'il a été incapable de défendre correctement le bilan de ses ministres !
Le PCF n'a plus de sens depuis 1981, et ne sert plus à personne.
Passons pudiquement sur les pratiques et l'idéologie néo-stalinienne qui ont perduré jusqu'à la fin des années 80, pour nous concentrer sur l'essentiel.
Jusqu'en 1981, le PCF servait à beaucoup de gens (ouvriers mais aussi employés, fonctionnaires, artistes…) de moyen d'expression d'un refus de l'ordre social et de protestation radicale des inégalités, avec la référence sous-jacente à quelques vagues idées révolutionnaires sur ce que pourrait être une société communiste (qui ressemblait quand même peu ou prou à une société à économie étatique…), ce dernier élément faisant la distinction d'avec la social-démocratie réformiste.
Fondamentalement, le PCF était le parti (relayé par la CGT) qui donnait une légitimité à toutes les exaspérations sociales, en les organisant et en leur donnant un coupable : les capitalistes et l'Etat qui était à leur service.
C'est cela qui permettait le fameux encadrement social et militant de pans entiers du territoire (banlieue rouge, limousin rural, mais pas l'ouest ou l'Alsace par exemple) et de catégories sociales (industrie traditionnelle quand pas de tradition catholique, corporations de métiers.. ), selon les héritages, traditions et accidents historiques.
L'entrée des ministres communistes au gouvernement en 1981 était encore comprise dans le logiciel du passé : comme Thorez après la Libération, il ne s'agissait que d'engranger quelques conquêtes sociales majeures au gouvernement, avant de repartir logiquement dans l'opposition plus ou moins constructive dès que la gestion gouvernementale devenait incompatible avec la prise en charge de la protestation.
Mais il y a eu deux facteurs principaux qui ont grippé la machine :
- la déconsidération générale du bloc soviétique, qui a entraîné avec elle le naufrage de l'idée d'avenir possible par l'économie administrée et planifiée
-la crépuscule des industries traditionnelles et les mutations du salariat
Le second point est fondamental.
Quiconque a vécu ces dernières années dans une commune ouvrière (banlieue rouge) aura été frappé par la rapidité des phénomènes de dislocation des entreprises du secteur secondaire (l'industrie, quoi).
C'est toute une petite aristocratie ouvrière qui a disparu, avec ses métiers, et qui soit n'a pas été remplacée, soit a été remplacée par une main d'œuvre non qualifiée, souvent d'origine immigrée, qui ne pouvait se reconnaître de façon massive et durable dans la culture du PCF.
Il suffit de regarder la bio de ces élus communistes de banlieue qui passent la main progressivement depuis quelques années : leurs métiers et leurs entreprises d'origine ont quasiment toutes disparues.
Leurs successeurs sont issus de la fonction publique ou du tertiaire (banques…), secteurs qui à l'origine étaient articulés autour de la centralité ouvrière mais ne peuvent y substituer une identité compatible avec l'idéologie communiste.
Et surtout, le PCF n'a pas su ou voulu se réajuster à cette nouvelle donne.
Il avait le choix entre deux voies :
- balancer résolument aux orties l'héritage léniniste pour devenir le parti de la contestation radicale, sorte de mélange entre l'actuelle LCR et les Verts, en surfant sur tous les mouvements sociaux et sociétaux. Des chômeurs aux sans-logis en passant par les leaders les plus intellos des français issus de l'immigration, des jeunes en rébellion ou des enseignants gauchisants, il pouvait trouver une assise politique cohérente bien qu'attrape tout.
Cela impliquait une vraie révolution interne, notamment en terme sociologique, impliquant, pour faire court, de parler un peu plus du droit de vote des immigrés ou de la pollution et un peu moins du montant du SMIC, de parler autant avec les coordinations qu'avec la CGT, etc.
Cela voulait dire aussi renoncer peut-être à quelques aspects du communisme municipal liés à une certaine notabilisation du passé et faire l'impasse sur la participation gouvernementale.
Juquin, par exemple, l'avait plus ou moins imaginé. Le PCF n'a pas voulu tourner le dos à son héritage, et a refusé cette voie.
- devenir un parti de la réforme radicale, qui assume la perspective de la gestion publique et accepte le cadre de l'économie de marché, mais avec un corpus de réformes très axées à gauche, un peu à la façon du PS des années 70 : 35 heures sans diminution de salaires ni annualisation, crédit formation généralisé, suppression de la taxe d'habitation et diminution forte de la TVA, taxation plus élevée des profits financiers, remise en cause de la cinquième république, durcissement de la réglementation sur les plans sociaux, programme pluri-annuel de sauvetage des services publics, gratuité dans les transports publics, etc.
Dès la fin des années 80, un tel parti aurait pu récupérer une part non négligeable des déçus du mitterrandisme, au moins dans la fonction publique et dans les catégories sociales modestes mais intégrées (employés, ouvriers qualifiés, petite bourgeoisie intellectuelle…), histoire de cristalliser entre 10 et 15% des électeurs.
Bien sûr, le programme serait inapplicable dans son intégralité, mais comportant suffisamment de points négociables pour être l'allié turbulent d'un gouvernement dominé par des sociaux-démocrates sans perdre son âme.
Avec même, on peut rêver, la perspective un jour d'un rassemblement avec les réformistes mous et les verts dans un parti commun de la gauche…
Le PCF, a préféré ne pas choisir, et avancer à reculons. Laissant par là ouvert un boulevard pour les Verts, la LCR-NPA voire toutes les aventures alternatives insolites.
Regardez ses incantations sur la " culture communiste ". C'est quoi la culture communiste, quand on enlève Lénine et la faucille et le marteau ?
Marx sans Lénine ?
Dire qu'il y a des capitalistes et des profits ? Ce n’est pas cela qui donne la moindre clé sur ce qu'il faut faire !
Ce n’est pas dans Marx qu'on va trouver la réponse à l'attitude à adopter en matière de politique urbaine ou de réforme de l'Etat !
Regardez ses hésitations sur les mouvements sociaux. Toujours en retard sur une manif. Incapable d'être leader sur la contestation de la mondialisation ou la promotion du développement durable, la défense des immigrés ou des malades du SIDA, etc.
Regardez ses tergiversations vis-à-vis des politiques publiques : incapable d'exiger des réformes claires et de s'y tenir… mais tout aussi incapable d'assumer la responsabilité d'une gestion d'une institution ou un bilan, sans dire que ce n'est pas assez, que ce n'est pas lui qui décide, que ce n'est pas de sa faute…
Le PCF est à l'image de sa gestion dans la majorité des mairies qu'il dirige : un éternel pleurnichement sur les moyens que l'Etat devrait donner, une gestion de " gauche " trop souvent réduite à gonfler sans discernement les effectifs de personnels municipaux ou à engloutir l'argent dans des vitrines dispendieuses, une incapacité à piloter des réalisations audacieuses ou même à gérer correctement ce qui revient à l'échelon communal (entretien des écoles dans ma banlieue rouge par exemple !)
Et il a beau multiplier les journaux municipaux au ton " moderne " ou les forums de rencontre avec la population, il ne peut plus cacher que l'encadrement militant a disparu.
Les citoyens sont indifférents. Tout simplement.
Alors, quand à un moment, les changements sociologiques de la population deviennent trop importants ou qu'une personnalité charismatique disparaît, la mairie bascule à droite ou à gauche de façon irrémédiable.
Aux dernières élections encore, Pantin est passée au PS sous la poussée des classes moyennes venus habiter de l'autre côté du périphérique ; pendant que Drancy, déserté par ses retraités ouvriers qui peuplaient les pavillons et son ancien maire, se donne à un UDF…
Ceux qui veulent une gauche plus ouverte et imaginative, un peu intello et progressiste, vont voir du côté des Verts. Ceux qui veulent protester contre la mondialisation et le capitalisme vont voir du côté de La LCR ou de LO.
Seuls s'intéressent au PCF ceux qui y ont encore leurs habitudes, une connaissance ou leur gagne-pain…
Quand aux plus démunis, culturellement et socialement, il y a ceux qui ne sont pas français. Ou ne votent pas. Ou font du zapping comme à la télé, leur seul lien consistant avec le reste de la société. Voire mettent un bulletin pour Tapie (en 1994) ou Le Pen, pour voir, pour râler, pour les emmerder, ceux de " là haut "
Alors oui, le PCF n'a plus de sens et ne sert plus à personne.
Il ne sert donc plus à rien.
Et il est maintenant en coma dépassé.
Qui débranchera le goutte à goutte ?
Les IndignéEs du Diois

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